80 ans de la mort de Mgr Firmin Jules Guichard : un breton à l’évêché de Brazzaville

En novembre 2016, à Corps-Nuds en Ille-et-Vilaine, sera célébrée la mémoire de Monseigneur Firmin Jules Guichard. Originaire de ce village, il est devenu missionnaire chez les Pères du Saint- Esprit. Affecté au Congo, il y deviendra un évêque reconnu comme fédérateur, organisateur et pasteur.

 

Mgr Guichard
Mgr Guichard, évêque de Brazaville de 1922 à sa mort en 1936

La célébration de novembre 2016

Pour se souvenir de ce grand missionnaire breton, évêque et vicaire apostolique de Brazzaville, les diocèses de Rennes et  Brazzaville, la congrégation des Pères du Saint Esprit et la Mairie de Corps-Nuds fêteront les 80 ans de la mort de Monseigneur Firmin Jules Guichard du 11 au 13 novembre 2016 à Corps-Nuds, lieu où se trouve sa tombe.

  • Vendredi 11 novembre de 20h à 21h30 à l’église de Corps-Nuds
    Conférence : « Vie et œuvres de Monseigneur Firmin GUICHARD » par l’Abbé Roland NZEBELET, prêtre de Brazzaville, historien et Curé de Saint Didier-sur-Chalaronne (Bellet-Ars).
  • Samedi 12 novembre de 20h à 22h30 à l’église de Corps-Nuds
    Concert de chants religieux du Congo-Brazzaville par la SCHOLAS POPULAIRE de Paris et COJO SPIRIT de Rennes.
  • Dimanche 13 novembre à 10h30 à l’église de Corps-Nuds
    Messe solennelle à sous la présidence de Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville et Monseigneur Pierre D’Ornellas, Archevêque de Rennes.

 

23 ans de mission au Congo

Par l’abbé Vincent Massengo, vicaire à la Paroisse Sainte en Pays de Janzé (oct. 2016).

De Corps-Nuds à la prêtrise

Né le 19 novembre 1884 à Corps-Nuds, à 18 kilomètres au sud de Rennes, en France, d’une famille profondément chrétienne. Firmin Jules Guichard perd son père, Jean Marie Guichard, en 1895. Pour élever ses enfants, sa mère, Marie Ange Potin continua, avec l’aide de son fils aîné son petit commerce à l’épicerie, sur la route de Janzé. Firmin fait ses études primaires à Corps-Nuds. Après sa première communion, il envisage son entrée au séminaire pour devenir prêtre. Il en parle à sa mère et au Curé de sa paroisse. Le vicaire de sa paroisse lui dispense quelques bases du latin.

En 1899, il rentre au petit séminaire de Saint-Meen, alors dirigé par les pères de l’Immaculée-Conception. En octobre 1904, il est admis au grand séminaire de Rennes. Au petit séminaire, le jeune Firmin fut marqué positivement par les pères Morinet et Pelé. Ces pères inculquèrent en lui le désir de devenir missionnaire.

En juin 1906, encouragé par son directeur, il sollicite et obtient son entrée chez les Pères du Saint Esprit. Le 29 septembre 1906 il entre au noviciat à Chevilly, y fait sa profession le 6 octobre  1908 et est ordonné prêtre le 28 octobre 1910. Il fait sa consécration à l’apostolat le 9 juillet 1911. Il est embarqué à Bordeaux et le 25 septembre 1911 il part en mission au Congo-français sous la direction de Monseigneur Prosper Philippe Augouard.

Première mission au nord Congo

Dès son arrivé au Congo, il est affecté au nord du Congo à la paroisse Saint François de Boundji sous la direction du père Jean-Jean. Il se donne à l’apprentissage de la langue du terroir. Puis il se rend régulièrement à la mission de Sainte Radegonde qui avait été fermée depuis quelques années. Sa présence dans cette mission lui attire quelques ennuis avec les chrétiens et même avec quelques vieux païens. Cependant, par son ardeur pastoral, sa proximité avec la population de cette zone, il finit par gagner leur confiance et fait établir de nombreux catéchistes.

Il succède à l’évêque de Brazzaville

En 1915 lors de la visite pastorale de Monseigneur Augouard à Boundji, le père Guichard est ramené à Brazzaville pour s’occuper de l’économat diocésain et des populations installées le long du fleuve. Le 27 août 1916 le père Guichard prononce ses vœux perpétuels à Brazzaville. Après ses vacances en France en 1920, le père Guichard assume le rôle d’infirmier auprès de son évêque (Mgr. Augouard) malade. Ce dernier pense et voit en Firmin Guichard son successeur malgré son jeune âge. En août 1921, Monseigneur Augouard rentre d’urgence en France à cause des soucis de santé.

Le 3 octobre 1921 la congrégation des pères du Saint Esprit annonce le décès de Monseigneur Augouard en France, qui est inhumé à Chevilly-la-rue. Le 21 juin 1922, le père Firmin Jules Guichard succède à Monseigneur Augouard et devient Monseigneur Firmin Guichard, Évêque de Tadama, Vicaire Apostolique de Brazzaville (1922-1934). Il est sacré évêque dans la cathédrale de Brazzaville le 12 novembre 1922.

mgr-firmin-jules-guichard
Mgr Guichard

Un charisme qui le porte sur tous les fronts

C’est à cette époque qu’explose le charisme de Monseigneur Guichard comme fédérateur, organisateur et pasteur. Il augmente le nombre de villages où sont présent les catéchistes. Il multiplie les écoles rurales et apporte une grande attention qu’il y ait partout des centres de soin tenus par des religieuses infirmières diplômées. Sa sollicitude va aussi à l’égard des groupes les plus pauvres de la société : les mulâtres, qui dans les villages sont méprisés de tous, blancs et noirs. Il construit deux orphelinats qui les accueillent. Il fonde un village pour les jeunes ménages mulâtres. Cette période est grandement marquée des conversions.

Un incident se produit à cette époque lorsque un bon nombre des jeunes filles demandent le baptême. En effet, ces jeunes filles étaient déjà accordées en mariage. Mais surtout cette demande remettait en cause la polygamie du fait que, dès l’âge de 7 ou 8 ans, ces filles étaient données à un homme et vivaient chez lui.

Monseigneur Guichard a fait aussi face aux mouvements religieux et nationalistes (ngouzisme et kibanguisme). Leurs chefs demandaient à Monseigneur Guichard d’appuyer leurs revendications. Monseigneur Guichard ne cessa pas de leur prodiguer des conseils de modération et de docilité. Cependant, sa souffrance fut grande quand certains meneurs de ces mouvements le déclarèrent du côté des blancs et contre les noirs, lui qui les aimait tous. Dans son élan d’évangélisation, il fonde quatre nouvelles stations : Kindamba, Makoua, Mindouli et Voka.

Retour en France pour raisons de santé

En octobre 1934, les médecins le font retourner d’urgence en France pour des raisons de santé. Le 26 janvier 1936, il reçoit la croix de chevalier de la légion d’honneur. Le 27 avril 1936 après avoir célébré la messe, une congestion cérébrale le terrasse et il meurt à 10 heures du soir. Il n’a que 51 ans. Le 2 mai se déroule ses funérailles présidées par Monseigneur Mignen, évêque de Rennes.